Page:Noailles - Le Cœur innombrable, 1901.djvu/36

Cette page a été validée par deux contributeurs.
30
L’EMPREINTE


Je laisserai de moi dans le pli des collines
La chaleur de mes yeux qui les ont vu fleurir,
Et la cigale assise aux branches de l’épine
Fera crier le cri strident de mon désir.

Dans les champs printaniers la verdure nouvelle
Et le gazon touffu sur les bords des fossés
Sentiront palpiter et fuir comme des ailes
Les ombres de mes mains qui les ont tant pressés.

La nature qui fut ma joie et mon domaine
Respirera dans l’air ma persistante ardeur.
Et sur l’abattement de la tristesse humaine
Je laisserai la forme unique de mon cœur.