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les animaux
Faites que notre cœur où l’enfance se fane
Ait la gaîté robuste et la candeur de l’âne ;
Donnez-nous pour lutter contre les serments faux
La défiance adroite et vive des oiseaux ;
Faites que nous ayons pour honorer nos veilles
L’activité joyeuse et grave des abeilles ;
Donnez-nous pour calmer nos désirs et nos goûts
L’insensibilité profonde des hiboux,
Et, dans les jours cruels où la raison divague,
Le calme des poissons arrêtés sur les vagues ;
Faites que nous gardions le sens mystérieux
De l’infini qui dort dans le fond de leurs yeux,
— Et délivrez nos corps, misérables en somme,
De l’âme glorieuse et maudite de l’homme !