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bittô


Avides de s’unir au glorieux été,
La pivoine touffue et l’anémone rose
Se pâment de désir et semblent rejeter
Le lâche vêtement des corolles décloses.

— Quelle silencieuse et palpitante ardeur
Rode autour de vos pieds, vous guette et vous accueille.
Bittô. Le soleil gonfle et mûrit votre cœur ;
Votre cœur est tremblant comme un buisson de feuilles.

Du flanc de la colline où le cassis bleuit
Voici Criton qui vient faire boire ses chèvres
À l’étang où Bittô sous la feuille qui luit
S’amuse à retenir l’eau vive entre ses lèvres.

Il s’est approché d’elle, il lui dit : « Ma Bittô,
Prends ce fromage blanc et rond comme la lune,
La noix que j’ai sculptée au bout de mon couteau
Et le panier de jonc où je mettais mes prunes. »