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LA DOMINATION

Quand elle rentre chez elle, elle ne sait que faire. Elle voudrait pousser cette Émilie, si elle la voit, et marcher dessus. Mais on lui dit :

— Mademoiselle Tournay est souffrante.

Et ce fort pitoyable instinct, cette animale pitié de l’être pour l’être, la solidarité de l’espèce enfin, que la maladie ou la mort éveillent, adoucissent déjà Marie.

— Ah ! dit-elle à voix basse.

Et elle se dirige vers la chambre d’Émilie…

… Cette Émilie en larmes est dans ses bras ! Marie ne sait pas comment cela se fait, mais cette bacchante qui sanglote et se trouve mal est dans ses bras, et voilà Marie toute bouleversée par le poids, le corps, le désordre de cette fille pâle qui menace de mourir, qui, une main sur son cœur, le visage grave et fermé, étouffe, n’a plus de respiration, et, de toute sa force, pend dans les bras de Marie. Et Marie n’est