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LA DOMINATION

l’incomparable bouleversement, le désir et le plaisir, cent fois plus vifs et plus satisfaisants que ne sont l’une à l’autre la soif et l’eau, et enfin la langueur qui glisse jusqu’à la mort et jusqu’aux larmes immobiles, ne les a-t-elle point connus à cause de lui, à cause de son regard, de sa voix, de ses mains, fidèles ou infidèles ?


… Donna Marie, quand le soir sur l’eau verte et troublée résonneront les tristes chansons de Tosti, et que, la tête renversée, d’une impossible voix, muette, vous adjurerez les cieux et les ténèbres de diminuer votre sensuelle ardeur, que vous importe, si votre ami vous parle et vous enlace, qu’il en ait enlacé d’autres encore ?

Oui, Donna Marie, songez à vous-même ; aveuglée par les pleurs ne jetez pas au plaisir le blasphème lyrique, les cris de l’insensé : « Va-t’en, maître de l’extase et pro-