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LA DOMINATION

On la vit dans le palais de la comtesse jusqu’à minuit passé, sans faiblir aider le comte à transporter les lourds volumes d’une bibliothèque qu’il classait à nouveau ; on la voyait, à la promenade, délivrer hâtivement les mains de la comtesse d’une ombrelle, d’un petit paquet ; on la voyait servir, et ici elle est une Ève gisante, qui commande et s’impatiente !

Et Antoine, en effet, est tout ému d’être l’objet d’une pareille scène, d’une si animale scène.

Il s’empresse…

Cette fille au regard brutal, il la faut soigner comme une Hébé qui se serait laissée choir du lit des dieux.

Les cheveux bruns dénoués sous le chapeau chancelant, la robe en gaze de Brousse froissée, une écharpe vive qui glisse, c’est un désordre oriental.

Antoine trempe un mouchoir dans un peu