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LA DOMINATION

d’une naissance et d’un mariage illustres.

Quoique sans culture, frivole et simple, elle apparaissait beaucoup plus intelligente que son mari, dont le calme, sec et fourbe visage aiguisait un regard mince et cruel, et qui, à Paris où Antoine Arnault le rencontrait, gardait le silence d’un étranger dédaigneux et ennuyé.

Offensé par cette figure, Antoine se dictait de ne point adresser la parole au comte et de le mépriser dans son âme ; mais, immédiatement, il lui venait à l’esprit tous les avantages qui restaient à ce gentilhomme, et dont le premier était qu’Antoine Arnault ne lui semblait pas de même qualité que lui.

« Ma réserve hostile, évidemment lui paraît être de la timidité ou de la mauvaise éducation, pensait Antoine : on ne peut arracher à ces nobles leur affreux et durable privilège ; le présent et l’avenir ne les