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un tiers, et dont la feinte inhabile révélait, au contraire, toute son agitation.

Comme elle passait la porte il lui arracha brusquement un petit bouquet de jacinthes qu’elle avait à son corsage en venant, et qu’elle tenait à la main, tout froissé. Et ils échangèrent un rapide regard où, chez Sabine, se lisait l’incessante question et chez Jérôme le secret volontaire net et dur.

Le souvenir de la demeure du jeune homme la hanta plusieurs jours ; dans les chemins de son imagination, elle se voyait recevant un mot de lui, suppliant ; et elle arrivait alors le soir par cet escalier si troublant, chez lui, et le trouvait là, sanglotant, avec des yeux enfin révélés… ils pleureraient ensemble sans savoir de quoi ; elle serait pour lui une sœur passionnée. Les bougies brûleraient dans le petit lustre à fleurs de Saxe, elle aurait ses cheveux défaits sur sa robe, et ce serait une délicieuse nuit romantique, brûlante et pure ; car elle n’imaginait rien au delà de ces larmes…

Cependant une tristesse nouvelle s’inquiétait en elle. Elle s’étonnait maintenant de certaines paroles de Jérôme. Il dit une fois : « Quand je serai