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faire la connaissance du musicien Marsan qu’elle admirait, et de se trouver dans une pièce lumineuse et précieuse.

Par les fenêtres, que voilaient à mi-hauteur de légères soies d’un rouge acide de groseille, on voyait d’anciennes maisons à perron, d’incultes jardins embroussaillés de charmilles, de hautes usines fumantes et Paris naissant, s’étalant, grandissant au loin avec des toits de vapeur bleue.

La pièce était pleine de fleurs : d’ancolies roses et de petites branches de cerisier appuyées à la tenture de toile, d’un ton de sable fin. Le piano tenait la plus grande place dans la pièce ; il y avait au mur des aquarelles et un luth en ivoire blanc qui semblait en porcelaine.

Jérôme s’aperçut avec orgueil que madame de Fontenay regardait autour d’elle, surprise et ravie.

Des biscuits et du thé étaient préparés. On goûta. On ne songeait plus à la musique. Marsan parla peinture ; la jeune femme, moins embarrassée d’en discuter avec un musicien qu’avec un peintre, s’y risqua, téméraire et obstinée,