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Elle y allait avec une agitation contente et un léger malaise, se défiant de la susceptibilité de son goût et craignant de se déplaire aux détails d’un arrangement modeste et limité.

En arrivant devant la maison, elle vit, en levant la tête, les fenêtres de Jérôme tout en haut, dans une explosion de feuillage vert. Cela lui plut. Elle se mit à gravir le frais escalier de pierre, et dès le premier étage rencontra le jeune homme qui venait au-devant d’elle. Le léger essoufflement que la montée occasionnait à Sabine, la surprise de se trouver là, la vue de Jérôme, le sentiment dont elle était emplie lui donnaient une fièvre fine au travers de laquelle cet escalier, son compagnon et le trouble de son propre cœur lui parurent audacieux, romanesques et pervers. Elle vécut en ces quelques instants tout ce qu’elle avait lu des démarches amoureuses des femmes ; elle revoyait en pensée l’escalier qui est dans Sapho et celui par où madame Bovary, à Rouen, se rendait chez le jeune clerc.

Lorsqu’elle entra dans l’appartement de Jérôme, elle fut, en même temps, charmée d’y