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où la pensée et l’expression venaient lentement, du fond de l’âme secrète et cachée.

Elle trouvait qu’il devait ressembler à Adolphe, de Benjamin Constant, à Werther, à l’amant de Manon, et elle reportait si ingénument sur lui le goût qu’elle avait de ces héros, qu’il lui apparaissait véritablement empreint de leur fièvre et de leur mélancolie.

Dans la vie apparente de la jeune femme rien n’était changé.

Elle était attachée à Henri. Elle ne pensait lui faire aucun tort en s’occupant de Jérôme, pas plus que si elle s’était mise soudain à beaucoup aimer la peinture et à fréquenter les salons du Louvre.

Et puis elle ne s’attardait point à réfléchir, elle vivait dans un emportement léger, dans le sentiment de la vie montante et de l’infini.

Une plus générale aisance la rapprochait amicalement de Pierre Valence. Elle se plut à causer avec lui. Elle admirait ses idées nettes, un peu sèches quelquefois, pressées entre ses yeux étroits.

Mais elle le considérait, lui et les autres hommes, en comparaison de Jérôme, et tous lui