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pussent être autrement que vivifiants et sains aux hommes raisonnables.

Jérôme était assis sur le gazon, vis-à-vis de Sabine ; ses genoux haussés lui cachaient un peu le menton. Il portait de temps en temps à sa bouche des brins d’herbe qu’il mordait. L’air était remarquablement chaud. Jérôme se plaignait de la chaleur. Il avait cet aspect accablé et vif, ce visage éclairé, rose et glissant que donne l’été.

Comme il était assis plus bas que Sabine, elle voyait un peu son bras dans la manche de sa chemise de toile, aux manchettes dures et écartées. Le bras, le poignet et la main d’un blanc poli, les doigts fins, un peu larges aux phalanges.

Elle parlait et riait avec eux tous. En regardant Jérôme, elle se sentait contente, sûre de le dominer, d’exercer sa volonté sur cette pensée sensible et neuve.

Elle s’attendrissait qu’il eût l’air fâché de la chaleur dans le beau soir qui descendait, et aussi qu’il fût en lutte avec des moucherons qui lui passaient sur le visage et qu’il chassait en rejetant l’air de ses mains ; ces mouvements