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dans le jardin avec les autres, tenant le bras de sa sœur et pesant sur elle.

— Moi, je suis fatiguée, je reste là, fit Sabine, en désignant le banc de bois appuyé à un vieil arbre à noix qu’un lierre épais envahissait.

Et elle s’assit violemment, tout énergique au désir du repos.

— Alors je reste aussi, soupira Henri, qui était sans courage, et s’étendit, entraînant sa sœur près de lui, sur le gazon qui faisait l’autre bord de l’étroite allée.

— Moi aussi, dit Jérôme qui s’assit à côté d’Henri étendu.

Sabine, en face d’eux, les regardait.

Henri, quoique contrarié de quitter dans quelques heures un endroit auquel il s’attachait dès qu’il s’y trouvait, goûtait pourtant simplement la douceur du bel ombrage ; il prenait de l’air, non point la mollesse odorante que lui communiquait la proche corbeille de résédas, mais le robuste oxygène.

Il disait, avec une allégresse enfantine :

— Le soir est beau, le vent tourne un peu.

Il ne pensait pas que les mouvements de la nature