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goûtait l’image brûlante de sa jeunesse et de sa beauté.

Elle entra au salon avec une distraction voulue, remercia Jérôme négligemment et pourtant de façon que ce remerciement fût un secret. « C’est drôle, pensa-t-elle, je ne suis à l’aise que dans le mystérieux et l’aventure ; autrement je suis gauche, l’amitié me gêne, Jérôme même jusqu’à présent m’intimidait… »

Elle était contente de cette légère victoire remportée sur un esprit sombre et fermé. Et cette satisfaction s’éparpillait en rires, en éclats du regard, en attentions vers Henri, dont tout plaisir la rapprochait amicalement.

Au jeu de cartes, après le dîner, Sabine sentait sur elle, posé furtivement, le regard du jeune homme, ces yeux gris que l’âme obscurcissait.

Elle le sentait sans le voir, par tout son être, par le cœur et par l’épaule… Cela la ravissait, et, libre et vive, elle répondait à cette insistance par une aisance heureuse, par des mouvements de sécurité, d’autorité familières.

— Jérôme, disait-elle brusquement, en lui mettant