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Dans le beau décharnement du chemin, près d’une haie de buissons nus, deux femmes passaient, allaient et revenaient, parcourant et reprenant la même route, se plaisant là.

L’une d’elles semblait aspirer cet air de neige âprement, et se désaltérer de quelque grande soif profonde ; l’autre portait dans un regard lisse une âme plus étroite et plus plane.

Quoiqu’elles échangeassent des phrases commencées et sitôt comprises, et qu’elles eussent l’une avec l’autre l’aisance du silence et des distractions familières, on voyait qu’elles n’étaient pas du même sang.

La plus grande des deux, qui pouvait avoir vingt-trois ou vingt-quatre ans, et que l’autre appelait Sabine, était mince et longue avec un visage soyeux et pâle, des cheveux doux d’un noir lourd et des yeux obscurs, ardents et glissants, dont la nacre à l’entour des prunelles avait la couleur des lunes bleues. La chaleur des yeux de la jeune femme donnait à tout son corps un aspect tiède.

La jeune fille qui l’accompagnait et qui paraissait avoir vingt ans, était sa belle-sœur, Marie de Fontenay, la sœur de son mari.