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les fils souples et mêlés de leurs entretiens habituels, portant avec elles leurs broderies et leurs livres, allaient d’un banc à l’autre ; selon qu’elles recherchaient ou fuyaient le soleil, elles furent tantôt près d’un tilleul où mille abeilles remuantes faisaient un bruit de vent chaud, tantôt devant une pelouse que traversaient des lièvres, tantôt dans une fraîche tonnelle de lierre.

Marie racontait les événements de la maison, les derniers livres qu’elle avait lus, ce à quoi elle avait pensé depuis qu’elle n’avait vu Sabine. Attentive à ce qui l’entourait, elle notait par instants, d’une phrase précise et sensible, le caractère du paysage et de l’émotion qu’elle ressentait. Après quoi, il semblait que les choses qu’elle avait définies ne l’occupassent plus et ne lui fussent plus présentes. Son esprit méthodique et net éliminait par la formule.

Cela par moment contrariait Sabine, troublait et dérangeait en elle la force vague et accablée qu’elle avait d’éprouver le plaisir, sous quoi elle ployait taciturne et triste.

Et tandis que Marie parlait, madame de Fontenay