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avec une folie triste, l’odeur épandue dans le château : odeur de parquets, de dalles polies et glissantes, de sièges rigides, de coffres à bois et de tapisseries. Le grand silence de l’air rendait sensible la pulsation lente du temps.

Elle revit Marie et sa belle-mère, dîna et se coucha, le cœur tout attendri, ayant retrouvé le sentiment de la puérilité et des vacances.

La jeune femme se réjouissait pleinement du temps qu’elle allait passer là, quoique la compagnie de sa belle-mère ne lui fût pas agréable. Cette personne portait son âme au dehors d’elle. Elle avait une fausse ardeur et un peu d’intelligence.

Sa nature la vouait aux soucis domestiques et aux tourments des relations mondaines. Belle autrefois, elle le demeurait encore à cinquante ans. Ayant vécu sans y penser et vieillissant de même, elle avait été heureuse et vertueuse par négligence. Sa bonté facile n’était pas certaine ; elle avait l’esprit distrait et vif. La sympathie l’étonnait, elle ne sentait pas l’hostilité. Elle n’avait pas de piété, mais l’émotion, qui la visitait rarement, la reportait aussitôt