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— Toujours rien, répondit Marie gaiement, personne que j’aime, et ceux qui m’aiment me font pitié, voilà tout… Les soirées vont reprendre bientôt, je n’ai plus même envie d’y aller, cela fatigue ma mère et ne m’amuse pas. Je les connais tous, les jeunes gens, et je suis même injuste pour eux, car en réfléchissant, il n’est pas possible qu’ils soient aussi bêtes que je le crois. Ils ont tout de même une maison, une table, un livre, un souci, l’obligation de signer leur nom au bas de quelque chose, d’une lettre, d’une facture, enfin ils ont une vie, et c’est ce qu’on ne peut pas imaginer quand on les voit.

— Tu penses, dit Sabine, qu’ils n’ont qu’un habit et des gants pour tout domicile et que c’est leur bibliothèque aussi ?

— C’est cela, avoua Marie en riant, c’est tout à fait cela. Alors, tu comprends, j’attends quelque chose de très étonnant qui n’arrivera pas ; quelqu’un comme Philippe Forbier dont Pierre et Henri parlent toujours.

— Oui, fit Sabine, comment est-il, leur Philippe Forbier ?

— C’est vrai, tu ne l’as jamais vu, s’étonna Marie ;