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plus adhérents que les mains autour des cous renversés… Mon Dieu ! pensait-elle, comme cela fait mal et pourquoi toujours cette vague attente du baiser ?… Peut-être l’amour n’est-il que la grande pitié qu’éprouvent l’un pour l’autre ceux à qui la musique, et la poésie, et toute la beauté donnent une telle détresse… Jérôme se leva et ferma le piano. Il était tard, il pensait à s’en aller. Il prit encore une cigarette. Il toussait. Il la mit à la bouche et l’alluma. Sabine lui retint le bras :

— C’est cela qui vous fait tousser, lui dit-elle, vous fumez tout le temps, ne fumez pas.

Elle riait de la surprise de Jérôme, et de sa familiarité, à elle, à laquelle elle ne s’attendait pas.

Elle ajouta, un peu gênée :

— Mais oui, c’est parce que vous chantez, et que c’est mauvais pour votre voix.

— Ah ! s’écria Pierre en riant, ces musiciens, on s’occupe d’eux, quelle chance ils ont ! En tout cas, Jérôme, laissez votre cigarette ou reprenez-la, mais allons-nous-en. J’ai l’intention de dîner