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» Mon bien-aimé, voici minuit bientôt ; je suis tranquille, mais je pleure. Je pleure à cause de toi, parce que, quoique tu fusses le maître et moi si docile, tu avais quelquefois des lassitudes, des tourments, et que je mettais mes mains sur ta tête.

» Qui mettra sur ta tête des mains si amoureuses ?…

» Mais tu es loin, tu es loin, il faudrait vivre demain sans toi, je ne peux pas… Voici minuit dans quelques instants, je pense à toi, je ferme les yeux, je pense à toi… Je vois tes yeux et ton rire et je retrouve toute l’odeur qui est sur ton visage… Je ferme les yeux, et tu es devant moi ; tu ne crois pas que je veux vraiment mourir, et tu dis, avec tes yeux de côté : « Comme elle est folle !… » et tu ris, et tu me prends avec tes deux bras qui me jettent contre toi, et c’est en toi que je meurs, et que je vais mourir… »


Le premier coup de minuit sonne.