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intérieur bruissante et lâche dont elle semblait porter avec fatigue le poids léger, tant vers le soir son corps délicat et lassé se pliait facilement, monta à l’atelier où se trouvaient Henri et Pierre buvant du thé et fumant ; Marie, qui venait d’arriver, était assise dans un fauteuil de bois ; elle se balançait et les écoutait doucement.

— Qu’avez-vous fait aujourd’hui ? demanda Sabine à Pierre, tandis qu’elle se versait une tasse de thé, et semblait ne pas penser à ce qu’elle demandait. — J’ai été toute l’après-midi au Louvre, – répondit-il en se passant les deux mains dans les cheveux, comme pour se recoiffer au sortir d’une émotion violente. – C’était magnifique. Ah ! le Vinci, mon cher, ajouta-t-il en saisissant Henri par le bras.

Et, disant cela, il regardait dans le souvenir avec des yeux si éblouis, que ceux à qui il parlait ainsi, regardaient en pensée les mêmes choses que lui. Et puis, brusquement, il abandonnait son émotion, redescendait à la gaieté familière comme si les hautes tensions du rêve ne fussent pas bonnes pour la vie.