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caractère, mais quand elle ne parlait pas des choses, elle n’y pensait pas.

— Montez à l’atelier, dit Sabine à Pierre et à Henri, on va servir le thé, je m’habille et je viens tout de suite.

Pierre Valence était un homme d’une trentaine d’années, il était grand, il avait le visage fin, un peu serré, avec une courte barbe noire, des cheveux noirs, un peu mêlés de gris ; le regard clair, très myope, portait en soi, par moments, le malaise timide de la myopie. Mais l’habituelle expression de ce visage était la gaieté et l’ardeur dont témoignait encore la facile rougeur des joues.

Pierre Valence s’était lié avec Henri de Fontenay dès le collège. Singulièrement intelligent et actif, il avait influé sur les idées et la vie de son ami, l’avait accoutumé à la curiosité scientifique. Lui-même, impatient et mobile, se libérait à tout instant de ses propres penchants, et maintenant il faisait de la politique, s’occupait de réformes sociales avec une sombre colère rénovatrice, et se préparait à la députation.

Madame de Fontenay, habillée d’une robe d’