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Et voici qu’en ce moment elle ne pouvait plus se défaire d’une de ces musiques molles qui traînait en elle :


Tu me disais au clair matin,

Voici du thym, Pour ton lit qui sera ma tombe…

Par moments le souffle et la brûlure gonflaient en son cœur ; elle ne savait plus vers qui allaient ses espoirs ; cela s’étendait, devenait infini ; elle imaginait des horizons de soleil immense, des foules venues vers elle, et elle la déesse de l’éternel désir.

Et après, de l’accablement, des larmes et le dégoût de l’univers…

Elle se disait :

« C’est assez de journées semblables… il ne faut pas continuer. Je vais mourir. »

Elle ne pouvait pas croire que la mort voudrait bien la reposer. Elle souriait à cette idée. Et puis elle se dit : « Je vais me tuer. » Alors ce fut une résolution inévitable, pareille à un mécanisme qui ne peut plus sortir de ses rainures. Sa mollesse et sa langueur se dissipèrent.