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Et cela la séduisit comme si on lui avait donné à goûter une saveur merveilleuse.

Elle écrivait à Philippe un peu moins souvent, et des lettres qui plaisantaient, qui étaient gaies ; il répondait par des mots qui ne correspondaient jamais à rien.

Elle ne se le représentait plus là-bas, sa pensée ne pouvait plus faire ce voyage. Même s’il revenait maintenant, elle serait toujours loin de lui puisqu’elle avait peur de lui… Ce n’était pas le chemin qui faisait la vraie distance, c’était la crainte qu’on avait de tendre les bras…

Elle ne cherchait pas non plus à s’expliquer ce caractère ; c’était trop difficile, trop épuisant, et puis tous les hommes qu’elle avait toujours vus étaient fous. Elle se demandait si Philippe l’avait seulement aimée.

Elle ne s’occupait plus de tout cela ; elle avait de lui une vision dont elle mourait.

Des regards de cet homme, de ses gestes pleins et doux, de ce qu’il y avait de trouble et de sensuel dans son cœur, du désir qui montait à son visage avec la lumière et le vertige de l’inspiration, elle se faisait quelque chose