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Elle voulut, de toutes ses forces, revoir son ami.

Ses scrupules l’abandonnèrent.

Elle écrivit à Philippe qu’elle voulait le voir, qu’il fallait que ce fût lui qui vint, parce que Nancy, où elle eût pu se rapprocher de lui, n’était pas sûr, des parents de son mari s’y trouvaient. Elle fut alors comme quelqu’un qui a sauvé sa vie : elle eut la conscience tranquille.

Philippe lui envoya un télégramme où il lui dit : « Je viens », et puis un autre télégramme où il annonçait qu’il ne pouvait pas se mettre en route ; et une lettre arriva où il expliquait qu’il serait à Paris dans trois ou quatre semaines.

Sabine ne s’étonnait plus, elle connaissait la déception, elle se disait : « C’est bien », à la manière de quelqu’un qui avale avec un gosier étranglé. Elle regardait, d’un œil abêti et tranquille, la malchance la pousser hors de la vie.

Elle ne se levait presque plus. Elle soupirait : « Dormir, dormir ! »

Un jour, elle se dit :

« Pourquoi ne pas dormir toujours ? »