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la légère indisposition physique des mauvais réveils ; le regard tremblé de Philippe devenait une idée fixe, un point lumineux qui appelle, assoupit et irrite.

Elle gardait tout le jour cette lumière devant les yeux, s’enfermait dans sa chambre pour savourer le souvenir, roulée sur son lit, les deux mains contre les paupières, avec le sentiment d’une dégustation délicieuse.

Un matin qu’elle errait sur les quais de la Seine, elle rencontra, mêlé à d’autres jeunes hommes, le fils de Philippe Forbier.

Il ressemblait tant à son père que Sabine, avec un grand frisson, le reconnut immédiatement.

Ils étaient pareils… Elle sentait qu’il devait avoir aussi le cœur de son père, cette âme double, à la fois mâle et femelle, qui trouvait en soi-même les satisfactions suffisantes.

Madame de Fontenay se disait tristement :

— Il est jeune comme fut l’autre, et beau comme lui. À son tour il aura des fils qui lui ressembleront, auront ce même visage d’Antinoüs têtu… Le fils de Philippe c’est l’éternité vivante de cette race dont je meurs…