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et confortable là dedans. Elle reçut aimablement Sabine qu’elle n’avait pas vue depuis cinq ans. Sabine s’était attendue à plus de transports, elle sentait la faveur qu’elle faisait à ceux qu’elle allait visiter. Mais la vieille fille n’en était plus à considérer ces choses. La vie lui était dure depuis trop de temps. Elle n’avait même plus le loisir des plaisirs du cœur et s’excusait auprès de la jeune femme d’être obligée de préparer vite son déjeuner et de ressortir ensuite pour ses leçons. Elle demanda à son ancienne élève si elle allait bien, ce qu’elle faisait. Madame de Fontenay n’eut pas le goût de se plaindre devant ce labeur pauvre et morose. Elle dit seulement :

— Tout est une affaire de caractère dans la vie. Vous ne vous trouvez pas malheureuse, mademoiselle, moi je me trouve malheureuse…

— Il ne faut pas penser à tant de choses, reprit mademoiselle Jacquin qui rangeait, allait et venait ; mais si, je me trouve malheureuse aussi, maintenant que le temps passe trop vite, et que j’ai plus que jamais besoin d’air, de l’air et du repos de la campagne. Je mourrai sans avoir respiré de l’air…