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les yeux si nets que le médecin, réjoui au fond de lui-même, voyait bien qu’il ne s’était pas trompé sur les ressources de cette vivante.

Et Sabine, s’en allant, pensait :

« Qu’aurais-je pu dire de moi-même qui n’eût point été stérile ? Ses raisons ne sont pas mes raisons… La satisfaction seule console ; la faim, la soif et la fatigue ne se guérissent point par tel envisagement de l’univers, mais par le pain, l’eau ou le lit ; et, de même, la douleur ne se guérit que par le bonheur… Elle ne veut pas autre chose. »

Alors, de jour en jour, madame de Fontenay se laissa glisser le long de sa douleur, des pieds, des mains, maladroitement, comme un ouvrier qui tombe et se tue.

Elle écrivait à Philippe :

« Ce n’est pas vous que j’aime ; j’aime aimer comme je vous aime. Je ne compte sur vous pour rien, dans la vie, mon bien-aimé. Je n’attends de vous que mon amour pour vous… »

Son état de malaise physique l’avait rendue si sensible et irritable qu’aucun point de son âme n’était plus protégé ; le plaisir lui eût fait