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elle promenait sa colère et son désir de lui. Une colère et un désir qui devenaient malades et fous pour un peu de soleil tombé sur des arbres et rappelant le sensuel été.

Elle ne pouvait pas écouter de musique, et pas lire, sans que cette pensée lui vînt qu’elle perdait dans sa solitude le seul bonheur humain, ce pour quoi étaient faits justement la musique et les livres : le misérable et admirable amour.

Le soir elle allait voir quelques-unes de ses amies et, les yeux fixes dans les brûlures de la lampe, elle parlait de la passion et de la jalousie.

Elle apprit chez l’une d’elles que madame de Rozée, la femme de son père, n’était plus heureuse, qu’elle avait un amant dont sa conscience souffrait affreusement.

Elle pensa simplement : « Mon Dieu, elle ! elle aussi… »

Elle jura de ne plus retourner au théâtre, parce qu’elle avait eu trop envie de mourir à voir Hermione, dans une robe que la violence de son sein déchirait, pleurer contre Pyrrhus, avec un aspect de volupté livide, d’héroïsme et de carnage.