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recevant pas, ce matin-là, de lettre de lui, elle se disait qu’il était paresseux…

Paresseux et flâneur, elle le savait, avec des manières d’être surchargé, encombré de tout, et des yeux harcelés qui semblaient toujours chercher autour d’eux une place vide dans le temps.

Elle lui avait dit souvent en plaisantant :

— Puisque vous ne faites rien en ce moment, n’ayez pas l’air si occupé.

Et il en riait avec elle.

Toute la journée, elle le bouda en pensée.

Elle l’imaginait se passionnant pour un coin de la forêt rousse qu’il lui décrivait souvent, et pris d’amour, dans son jardin, pour quelque chrysanthème emmêlé et rebroussé. Il regardait tout avec une curiosité extasiée comme s’il ne savait rien, et cela fâchait quelquefois Sabine, quand c’était trop long et le distrayait d’elle.

Le lendemain elle reçut une lettre de lui, lettre hâtée où l’écriture était lancée comme des fils par une aiguille rapide. Il disait son ennui, son harassement, sa lassitude ; sa femme avait été très malade un moment, toute la maison avait perdu la tête ; c’était mieux maintenant, mais