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d’hiver. En voiture, à présent, au travers des rues noires et clinquantes, elle se sentait doucement s’assoupir, gagnée par cette fatigue profonde, ce sommeil d’ouate, où le coup du cœur s’amortit.

Rentrée chez elle dans sa chambre sommairement préparée, elle se déshabillait vite, se couchait, goûtant le plaisir du feu qui réchauffait un peu la froide haleine de la chambre déshabituée ; et elle éprouvait, en torpeur voluptueuse, la grande joie de ne plus rien désirer et de ne plus rien aimer pour le moment que ce léger frisson de froid, de chaud, qui montait le long d’elle, dans les draps frais et tièdes, dans le mol oreiller.

Pourtant, le lendemain, au réveil, le lourd sommeil ne l’avait pas reposée. Elle avait froid chez elle et toussait un peu. Elle était triste ; à sa fenêtre se collait le dur ciel bleu d’octobre avec ses boules de nuages blancs.

Elle avait le cœur étranglé. Elle se représentait le visage de Marie, ce visage de scrupuleuse, brûlant de tendresse et de peur. Et Philippe lui paraissait un peu lointain, un peu dur, d’être indifférent à cette nouvelle peine qu’elle avait. Ne