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et l’heure où vous portez le soleil sur votre branche orientale ; et l’heure du soir où vous commencez de vous inquiéter et de vous agiter, tandis que le vent secoue, dans les massifs autour du château, les faibles anthémis.

» Vous saviez que je tenais en moi l’image de l’homme qui est ma vie, et vous nous accueilliez tous les deux, parce que vous aimez ce qui est naturel. »

Les pelouses étaient couvertes de colchiques violettes, en forme d’un petit cœur éclaté.

Sabine entra dans le potager. Elle venait souvent là, le long des murs où grimpait la vigne à l’abri de tout vent. C’était un endroit de tiédeur, de silence et de fécondité. Par bandes bien ordonnées, se suivaient les salades, ouvertes comme des roses, le haut feuillage des artichauts découpés dans du bronze et couleur de vert-de-gris, les verdures légères de l’asperge, plus volantes que des plumes fines. De place en place, on voyait des citrouilles énormes, roulées au pied de leur tige, dans l’attitude de la chute et de l’accident.

En bordures, le long des plates-bandes, poussait