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Sur ce piano, une étoffe de velours pourpre à broderies d’argent dur, coupée en quelque chasuble ancienne ; et, posée sur elle, un moulage de l’admirable visage de Beethoven, visage large et plat, détendu par la mort, et comme écrasé de sublime.

Et puis, sur de petites tables, dans les encoignures des meubles, des vases de manière japonaise, d’une seule teinte, d’une coulée jaune ou verte, du vert de la prairie ; et, dans les vases, des fleurs qui répandaient une odeur acide de corolles lasses et de tiges mouillées.

Comme le jour baissait à la fenêtre et s’obscurcissait d’une tempête de neige, madame de Fontenay s’assoupit, s’endormit dans la pièce toute silencieuse où la pendule battait calmement, ne jetant que des moments de loisir et d’indolence ; et le livre des sonnets de Ronsard, qu’elle avait essayé de lire, restait abandonné au bout de ses doigts ouverts.

En dormant à peine, madame de Fontenay entendait cette pendule, sentait la tiédeur de l’air enfermé autour d’elle, devinait le froid et l’obscurité du dehors. Elle trouvait la vie moelleuse et bonne. Elle resta longtemps ainsi, cédant