Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/299

Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais Marie répétait :

— Je sais bien, mais je t’aime trop, lui me détache de toi, toi de lui, je ne sais pas ce que c’est.

Sabine voyait que Marie souffrait chaque jour de sa présence. Elle lui dit gaiement, un soir, qu’elle allait rentrer à Paris, qu’elle n’en pouvait plus d’être loin de la rue où elle avait connu Philippe. Marie essaya de la retenir, mais faiblement, et le départ de Sabine fut décidé.

Le matin de son départ, la jeune femme descendit dans le parc de si bonne heure que nulle fenêtre n’était encore ouverte au château ; elle pensait :

« Je vais vous quitter pourtant, chers arbres penchés qui m’écoutez, maîtres paisibles… Aujourd’hui encore je pourrai vous voir et vous entendre, et puis avant la nuit je partirai.

» Que deviendrai-je alors ?… Vous m’aviez prise si fortement, moi errante et misérable, que j’étais parmi vous comme l’un de vous ; je vous parlais. Je savais vos habitudes, l’heure à laquelle vous êtes encore engourdis de sommeil et où le silence habite sous chacune de vos feuilles ;