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d’elle, il trouvait dans la douceur certaine et soumise de sa femme et de son fils un baume admirable à la faiblesse de son cœur et à son orgueil.

Si enivré qu’il fût de madame de Fontenay, il gardait vis-à-vis d’elle, quand il en était éloigné et que la tendre véhémence de la jeune femme ne le dominait pas, cette légère défiance, ce recul hostile, cette sécheresse que provoquaient en lui la crainte et la jalousie.

Moins sûr d’elle qu’il n’aurait dû, et hanté de la peur d’en trop souffrir un jour, il s’appliquait à se priver d’elle. « Quand elle sera partie de moi pour tout à fait, pensait-il, je vivrai comme je vis aujourd’hui, sans elle. Il me restera encore les livres que je lis et que j’écris, les conversations savantes avec de nobles amis, la paix de ma maison et la bonté de l’air, et les arbres que j’ai plantés, et la connaissance que j’ai de l’univers. »

Il semblait à Philippe qu’étant données les années qui le séparaient de Sabine et la peine qu’elle pourrait lui faire, il devait s’étudier à prendre sur elle l’avance d’une fermeté plus insensible. Il ne savait que trop bien comme il