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Fontenay. Son calme, le long labeur auquel il s’adonnait, la gaieté douce de la bonté qu’il leur témoignait les rassuraient complètement. Ce que la mère et le fils savaient de la jeune femme, de son penchant à l’étude, leur éclaircissait le secret de l’inclination de Philippe et des visites de Sabine ; ils se reprenaient à être heureux.

Philippe, dont l’esprit tendre et droit répugnait naturellement à la dissimulation, en goûtait maintenant le facile mécanisme, avec cette calme philosophie que donnent, au détriment de la stricte vertu, les nécessités passionnées.

Il avait arrangé sa conscience sentimentale de telle sorte qu’aucune de ses tendresses n’y fût inquiétée.

Le mensonge de son attitude lui parut être une forme de sa sollicitude conjugale et paternelle. Et même il voyait avec plaisir sur l’une et l’autre de ses affections les reflets dont elles s’illuminaient contradictoirement : la vie paisible et familiale lui donnait un plus vif désir de Sabine, brûlante et fraîche comme de la menthe, et lorsqu’il commençait à souffrir trop sombrement