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appartient à la musique qu’elle écoute et au roman qu’elle lit. Elle m’a dit qu’en feuilletant les Confessions de Jean-Jacques, elle avait été jalouse de l’amour qu’il portait à madame d’Houdetot. Elle s’en ira un jour comme elle est venue, en essayant de faire le moins de mal possible, car elle n’est pas méchante ; sa bonté sera pire que tout. Je resterai son ami parce qu’on ne se détache pas d’elle ; et son cœur est fidèle. Elle viendra, elle sera sérieuse. Elle pensera : « Comment ai-je pu l’aimer ? », le volontaire oubli sera dans ses yeux la plus amère défense, et elle retirera sa main vite, quand elle me dira au revoir, pour que je n’aie pas le temps de me souvenir.

Cependant ces réflexions n’attristaient pas gravement le bonheur que Philippe avait de sa liaison avec madame de Fontenay.

Ayant dépassé l’âge où l’on compte sur l’infini, et n’ayant pas un naturel souci de l’avenir, il considérait Sabine comme un prêt admirable que la destinée lui avait fait.

Il l’aimait avec une sombre ardeur, et aussi avec ce côté lucide de son intelligence qui faisait pour lui de l’observation un plaisir, et encore