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étaient comme des maladies, avec les épuisements et les sombres sanglots, et elle paraissait guérir à chaque fois pleinement.

Philippe se rappelait comme elle entrait chez lui, en été, avec des attitudes accablées, et lorsqu’il s’inquiétait et la questionnait :

— Ah ! – répondait-elle, moitié défaillant et moitié riant, – j’ai encore aujourd’hui des tas d’ennuis supportables !

Il est vrai que souvent, quand il la plaisantait sur les brusques sautes de son humeur, elle lui disait sérieusement :

— Ne parlez pas de cela, vous ne pouvez pas me connaître. Vous ne pouvez pas savoir comment je suis quand vous n’êtes pas là, et quand vous êtes là, je suis vous…

Mais il la voyait vivre, et ce qui le tourmentait ce n’étaient point les abattements de la jeune femme, mais ses rêveries dépaysées, la curiosité sur l’univers de ses yeux irradiants et son rire ouvert qui semblait mordre à l’inconnu.

— Comment la garderai-je, pensait-il, et qui l’empêchera de vouloir et d’agir ?… Elle entre en toute émotion comme dans une île qui l’isole. Elle