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les visages qu’on voudrait baiser sur la bouche.

Elle désira revoir de l’espace et des champs. Les appels qu’elle recevait de Marie, si attachée et si sensible, l’attiraient aux Bruyères.

Henri de Fontenay lui écrivait souvent ; dans ses lettres pleines de notations marines, d’amitié et de sécurité, il la suppliait de quitter Paris, malsain à cette saison de l’année, de s’installer près de sa mère et de Marie, où le repos et la discipline de la vie lui seraient bons. Elle eut, à l’idée d’être agréable à Henri en agissant selon son souhait, une sorte de contentement attendri.

Elle pensa qu’il avait le cœur honnête et simple ; elle se réjouissait qu’il fût heureux. Elle se dit que si elle l’avait épousé vers seize ans, que si leur fille avait vécu, s’il avait voulu lui parler quelquefois d’elle-même et de lui, s’il l’avait plus fortement et plus mollement aimée, elle lui eût été fidèle.

Elle arriva aux Bruyères par un beau coucher de soleil froid, à bandes jaunes au-dessus des collines violettes. Elle fit à pied, par la campagne, le chemin qui conduisait aux grilles du château. Les masses d’arbres vallonnaient au