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Et puis elle soupira, pleurant presque.

— On ne devrait pas se quitter comme cela, méchamment, on devrait se quitter sur de bonnes paroles.

Et, comme l’instant du départ était venu, et que Philippe allait monter en wagon, elle lui prit les doigts violemment ; de tous ses ongles éperdus, elle lui donna une cruelle, une passionnée poignée de main.

Le train s’ébranla. Calme, elle pensa :

« Maintenant, il est parti, c’est mieux. »

Elle entendit un long sifflet déchirant qui roulait dans de la fumée.

Alors suffoquant, étouffant, elle éprouva, sur ce quai, plus qu’à aucun moment dans sa vie, la nécessité que Philippe fût là, qu’il eût autour d’elle ses deux mains qu’elle aimait, qu’elle avait si souvent, aux instants de l’amoureuse mélancolie, brusquement retournées pour en embrasser la paume et mourir là…


Les jours qui suivirent ce départ furent pour Sabine plus simples qu’elle n’avait pensé.

Une grande fatigue amollissait en elle la force des