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qui enveloppait ses actes leur donnait l’apparence de la négligence et de l’importunité.

La vie sensible était en lui si abondante qu’il mourait et renaissait de deux sensations contraires.

Sabine, penchée sur une petite caisse de bois, y jetait les livres et les papiers que Philippe lui tendait. Soudain, reprenant des mains de la jeune femme un volume qu’il venait de lui remettre :

— Ah ! dit-il, voilà une admirable étude sur le crime et la pénalité que je vais lire là-bas.

Et son visage s’éclairait.

— Cela va vous amuser ? demanda madame de Fontenay sur un ton d’apparente indifférence.

— Oh ! oui, – répondit Philippe, avec cette voix d’amour qu’il avait en parlant des choses où son désir glissait, – un si beau livre et un sujet si passionnant !

— Et moi, interrogea-t-elle, qu’est-ce que j’aurai pour m’amuser ?

Il la regarda douloureusement. Il souffrait ; la peine de Sabine lui semblait une cruauté qu’elle ajoutait à la peine qu’il éprouvait. Il n’avait pas pitié d’elle, en ce moment ; il avait envers elle de l’amour et de l’irritation.