Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/275

Cette page n’a pas encore été corrigée

Enfin, elle l’arrêta, lui mit les deux mains sur les épaules, et riant presque naturellement, car le courage lui donnait toujours la force de la gaieté, elle lui dit :

— Vous allez partir, voilà tout ; nous sommes des fous, vous allez partir, nous n’y avions pas pensé… C’est vous qui avez raison, tout ce que vous dites est vrai. Et puis, je vous jure, c’était de la folie, cette peur que j’avais de votre départ. Je vois la chose autrement maintenant… C’est même très simple ; et les lettres, les belles lettres que je vais vous écrire, et les mots pressés et absurdes que vous me répondrez, et puis moi tourmentée et vous content, tout cela excellent…

Elle riait vraiment, soulagée et forte. Philippe harassé répétait pour lui-même :

— C’est affreux !…

Et il essayait de se dégager de Sabine qui le rivait à cet endroit, à ce coin de monde ; mais elle lui tenait, de ses mains énergiques et dures, les deux poignets, et grandissait devant lui de toute sa volonté.

Elle comprit qu’il fallait faire le plus douloureux tout de suite ; elle dit, plus bas :