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Mademoiselle de Rozée ne crut point que c’était possible. L’étonnement faisait en elle un mouvement qui déplaçait toute la vie. Sa première pensée était toujours que ce qui lui causerait trop de peine lui serait malgré tout épargné.

Elle supplia son père avec le plus confiant désespoir.

Elle sentit qu’elle l’aimait jalousement, avec un goût mystique de la sagesse paternelle, et que cette folie qu’il voulait faire le changeait, le tuait à ses yeux.

Mais M. de Rozée finit par la repousser, pris d’un sombre attachement pour la jeune fille qu’il désirait.

Alors Sabine, découragée, eut une crise d’écœurement sentimental ; il lui en coûtait de manger et de dormir dans la maison de son père ; elle s’attardait à la contemplation du portrait de sa mère morte, elle pressait contre elle sa gouvernante et lui disait en larmes : « Je n’ai que vous. » Elle pensa à se marier.

Elle s’y décida, lorsque M. de Rozée lui apprit qu’il allait partir pour Vienne où son mariage se célébrerait, et qu’ensuite il voyagerait.