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le disposait aux tourments de la conscience.

Il avait épousé sa femme, l’aimant, quand il était encore un adolescent.

Elle était tendre, instruite, d’une beauté sage.

Il lui avait été de toute son âme fidèle.

Tout ce qu’il avait eu de contentement, de plaisir, d’inquiétude et de bonheur, il l’avait eu avec elle. Ils avaient perdu une fille, il leur restait un fils qui venait d’avoir vingt ans. On n’eût pas pu dire qu’il ressemblait à son père, il était pareil à lui.

Philippe avait toujours pensé au groupe de sa famille et de ses amis, avec l’orgueil de sentir qu’il était leur croyance, leur joie et leur vanité. Aussi avait-il éprouvé un grand trouble, à voir l’autre matin son fils entrer chez lui, soucieux et embarrassé.

Le jeune homme demandait à prendre quelques livres. Et puis il dit, hésitant, que sa mère avait besoin de repos, qu’elle lui semblait bien fatiguée depuis quelque temps, qu’on pourrait peut-être partir pour la campagne.

— Oui, dit Philippe, tu as raison, pourquoi ne part-elle pas ? Moi, tu sais comme c’est difficile