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t-il lentement, tout ce qu’il vous faut, à vous ?

Elle se fâcha :

— Alors vous croyez vraiment que je fais autre chose, du matin au soir, que de répéter cent fois dans ma pensée, dans mon désir, cet acte de venir vous voir, de prendre une voiture et de venir vous voir ?… Vous, vous travaillez ; moi, je ne fais que cela.

» Pourquoi, ajouta-t-elle, redevenue contente et rieuse, pourquoi habites-tu le plus beau quartier du monde, la rue où passèrent Michelet et Balzac, l’endroit de tous les désirs de Musset ! Je ne peux plus respirer ailleurs qu’ici.

» Pendant le trajet au travers de ces quartiers qui sentent la chanson et la leçon, je vois passer des étudiants avec des barbes fines et de beaux cheveux. Ils ont la figure que j’imagine à Rolla. Ils doivent, dans le petit café qui a des compotiers à la vitrine, boire sans soif, par goût de l’ivresse. Ils me regardent et je ris. Je vois bien que de ce côté de la Seine tout le monde est instruit et heureux.

Philippe faisait couler les feuillets de son livre entre ses doigts. Il dit :