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Un jour, comme elle regardait les feuillets qui traînaient sur la table de Philippe, il lui expliqua le plan du livre qu’il écrivait sur l’Imagination et ce qu’il y aurait dans cet ouvrage.

Elle écoutait avec ce battement des paupières qui donnait bien le mouvement de l’absorption ; et puis elle disait que cela ne la satisfaisait pas, et ils riaient ensemble.

— Je vais vous dire, commençait-elle, – elle lui disait « vous » le plus souvent, – je vais vous dire…

Et elle racontait alors tout ce qu’elle savait de l’imagination, de son imagination à elle.

Philippe lui répondait, ravi, reposé d’exactitude, de recherches et d’effort :

— Comme tout cela est beau, et plus beau que ce que je sais, et plus vrai aussi !…

Chacun sentait qu’il voyait l’autre au travers de la même étonnante lumière.

Philippe regardait la jeune femme avec un éblouissement doux, et, par moments, avec des yeux aigus, arides et sifflants.

Il était jaloux, jaloux et peureux qu’elle fût elle-même.