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rayonnaient à ses yeux. Une pendule avec une muse en bronze noir lui semblait goûter elle-même un plaisir éternel.

Six heures sonnaient, et la tristesse, l’angoisse de la dernière heure courte étreignaient Sabine.

Dans l’ombre de la pièce qui avait une odeur d’eau, de gouache et d’essence, la tête renversée contre Philippe, elle lui parlait dans la manière de la plainte et de l’amour. Leurs pensées se tendaient et leurs sensibilités se brisaient dans les mêmes instants ; ils étaient admirablement accordés l’un pour l’autre.

Quand ils causaient ensemble de Tolède qu’aucun d’eux ne connaissait, mais qu’ils désiraient, il y avait de la détresse dans leur regard.

— Mon Dieu, disait Sabine, comme le désir nous fait mal, et à moi plus qu’à vous !

Philippe Forbier joignait à un sentiment robuste, vigoureux et passionné de la vie, une sensibilité aiguë et tendre, qui pourtant donnait le sentiment de la force et de la résistance.

C’était ce qu’il avait de si singulier dans l’