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Tandis qu’elle s’occupait de ses amis, qu’elle parlait et riait avec tous ses gestes coutumiers, elle sentait un grand repos détendre son esprit, un orgueil haut et joyeux emplissait son cœur, et son âme prenait enfin la forme des fleurs accomplies. Son passé était consolé en elle. Seule l’absence d’Henri la troublait un peu, sa présence lui eût donné plus de sécurité.


Presque tous les soirs, avant cinq heures, elle hélait une voiture, s’y jetait et se rendait à l’atelier de Philippe Forbier. Paris, dans les ténèbres bleues, lui semblait petit, et tout l’univers facile. Elle connaissait les détails du chemin. La rue de l’Ancienne-Comédie qui la rapprochait de la demeure de Philippe lui paraissait déjà voluptueuse.

Elle arrivait quelquefois la première et attendait un instant. Elle aimait cette attente qui lui donnait l’impression qu’elle ne pourrait pas la supporter longtemps, et que tout à l’heure, ouvrant la porte, son ami la trouverait abattue contre la table, vraiment morte d’impatience. Et la porte s’ouvrait. Philippe paraissait. Madame de Fontenay le regardait de loin, les yeux