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j’aurais pu vivre ; il refera froid dehors, ce sera fini… »

Elle pensa encore :

« Que vais-je bien pouvoir raconter tout à l’heure pour ne pas m’en aller tout de suite, si vite ? »

Elle remarqua sur la table une vieille édition des Essais, de Michel de Montaigne.

Philippe Forbier rentra. Il lui remit la lettre qu’il avait écrite.

Il lui demanda :

— Vous aimez les livres ?

Et il alla chercher un volume de Dante.

Elle le prit doucement d’entre ses mains à lui, l’ouvrit, et d’une voix si tendre, si brûlante, elle lui dit : « C’est beau ! » qu’il la regarda pour la première fois. Il la trouva chétive et agitée. Elle l’intéressa un peu ; elle suivait du regard, avec une docilité enfantine, tout le texte et toutes les gravures qu’il lui montrait ; par moments, elle s’écartait de lui comme si elle l’eût gêné et qu’elle fût timide.

— J’ai là d’autres livres qui vous amuseront peut-être, fit-il.

Elle répondit d’un air désolé :