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la terre d’automne, fine et serrée comme la pâte douce des gâteaux. Elle était heureuse. Sa joie sortait d’elle en hymne léger.

— Ô soleil, pensait-elle, qui ennoblissez toute chose, la plaine lourde où le bœuf et le cheval travaillent, la mare du village, et le pauvre tas de cailloux sur la route vicinale, si brillant et pareil à de la monnaie qu’il semble la fortune du prodigue abandonnée là, faites que je sois, longtemps encore, candide et tranquille, comme ce mur recouvert de cymbalaire rose, comme le petit sapin qui joue avec les couches d’air, prises entre ses branches superposées…

Alice et Sabine s’amusaient à retrouver après la mélancolie du crépuscule, goûtée dehors, le salon vitré où le feu flambait ; le vent jetait contre la fenêtre la vigne-vierge rouge, pendant du balcon d’en haut.

Quelquefois madame de Fontenay parlait de ce qu’avait été son passé, de ce qu’elle craignait de l’avenir.

— Non, vous ne sentirez plus de cette manière, disait madame de Rozée.